Jean-Pierre Coffe | « Pas de fatalité à manger de la merde »

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A 76 ans, Jean-Pierre Coffe n’a surement jamais été aussi actuel. Son discours quasi ancestral contre la mal bouffe est aujourd’hui martelé par la presse et la télévision. 

Si le natif de Lunéville s’est éloigné des plateaux télé, il continue de parcourir la France pour prêcher la bonne parole. En septembre 2013, il publiait chez Flammarion « Arrêtons de manger de la merde ».

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Épicurien du Sud :  Comment devient-on Jean-Pierre Coffe ?

Jean-Pierre Coffe : On ne devient pas Jean-Pierre Coffe, on né Jean-Pierre Coffe. Ensuite la difficulté avec la notoriété c’est de rester le même. Notoriété acquise notamment par la télévision et une proposition des gens de Canal Plus qui venaient régulièrement manger dans mon restaurant. Au départ, ça ne m’amusait pas vraiment, finalement j’y suis resté 10 ans.

EDS : Star de la télé ou non, vous n’avez jamais changé de discours…

J-P. C. : Je suis issu d’une famille très pauvre et ma grand-mère faisait à manger avec ce qui était disponible pendant la guerre. Cette idée de manger des produits de qualité à un prix juste m’a toujours habité. Même si j’ai déjà mangé du caviar, je me suis toujours senti plus à l’aise avec une blanquette.

Il n’y a pas de fatalité à manger de la merde, surtout dans notre pays

EDS : Pourquoi vos positions contre la « mal bouffe » sont aujourd’hui si tendance ?

J-P. C. : Il y a toujours eu des pauvres mais aujourd’hui, contrairement aux 30 glorieuses, on en voit de plus en plus. Moi je m’en suis toujours préoccupé même dans des périodes où l’argent était moins un souci. En 1984 sur Canal Plus, je proposait des recettes avec un panier moyen de 20 francs (3 euros), je n’ai pas changé mon discours. Il n’y a pas de fatalité à manger de la merde surtout dans notre pays.

EDS : 3 conseils pour bien manger chez-soi sans se ruiner ?

J-P. C. : Premièrement, respecter la saisonnalité. Les produits de saison sont moins chers que des produits importés de l’étranger. Ne pas manger des tomates après le mois d’août ou des fraises à noël. Deuxièmement, cuisiner soi-même, choisir ses commerçants, faire le marché prés de chez soi. Troisièmement, ne rien jeter donc acheter en quantité juste. Aujourd’hui on achète trop. A partir de là, on devrait commencer à faire des économies.

Avec de bons produits on ne peux pas rater une recette

EDS : On peut vous opposer le manque de temps et le manque de technique culinaire…

J-P. C. : Quand on passe une heure devant une émission de télévision qui ne vous apporte rien, pourquoi ne pas mettre ce temps à profit pour cuisiner pour soi et/ou pour sa famille. Ensuite, il existe des livres pour apprendre les bases de la cuisine. Il faut commencer par des choses simples et suivre les recettes pas à pas. La cuisine a évolué, il existe des préparations (fonds) « prêt à l’emploi » tout à fait acceptables. Et puis avec de bons produits on ne peux pas rater une recette, au pire c’est un peu trop cuit ou pas assez. Il faut persévérer et s’améliorer petit à petit.

EDS : Votre sentiment sur le prix excessif de la viande de bœuf à partir d’une certaine qualité ?

J-P. C. : D’abord, il n’est pas obligatoire de manger de la viande de bœuf tous les jours. Attention aussi aux quantités, 120 grammes par personnes suffisent. Il faut savoir aussi bien acheter, regarder le prix des autres viandes, le porc par exemple, moins cher, ou des volailles « Label Rouge » de plus en plus accessibles.

EDS : Où en êtes vous de votre collaboration avec l’enseigne low-cost Leader Price ?

J-P. C. : On s’efforce de proposer des produits et des plats cuisinés bons à manger et abordables pour le porte-monnaie. C’est possible.  Par exemple, les volailles sont élevées pour nous, je connais leur alimentation, si elles vont dehors ou non. Pour les plats surgelés, il y a de l’innovation et les résultats sont tout à fait remarquables. J’arrive même à bluffer mes amis avec ces plats dits « low-cost ».

EDS : Si Jean-Pierre Coffe n’était qu’un seul ingrédient de cuisine ?

J-P. C. : Je prendrai des œufs. C’est « bon marché » et sur le plan nutritionnel, ça vaut un beefsteack.

EDS : Si Jean-Pierre Coffe n’était qu’un seul ustensile de cuisine ?

J-P. C. : Une cocotte en fonte.

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Qui se cache derrière Épicurien du Sud ?

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Jeremy Capitano est journaliste spécialisé en cuisine, vin et gastronomie. Début 2013, il crée epicuriendusud.com. Il y propose une sélection rigoureuse de restaurants, vins, et produits du terroir qui répondent à la même exigence : la recherche et le partage du plaisir.

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